Elle raconte:
« J’ai vécu dix-huit ans à Lhassa. La montagne est mon élément, dedans et dehors. Dans sa stabilité et son côté immuable, elle a été mon maitre : elle m’a permis de tenir debout, de traverser mes ombres, puis de contempler des paysages intérieurs jamais contemplés. Guide en Himalaya et alpiniste des hauteurs (au-delà de 8 000 mètres), je me suis formée à observer la montagne, à en identifier les risques, trouver les meilleurs passages en faisant des reconnaissances régulières et, même, la veille des départs, à aller sur place pour me faire une idée du parcours, car le terrain change de semaine en semaine. La montagne offre sans compter des leçons d’humilité…
De 2013 à 2019, j’ai installé mes quartiers sur les pentes de l’Everest. Après une première reconnaissance jusqu’au sommet, j’ai mis plus de trois ans à fédérer plus de cent guides tibétains et sherpas afin qu’ensemble et avec le soutien des autorités locales, nous entreprenions le nettoyage de la Face Nord de l’Everest et mettions en application une charte environnementale pour le contrôle de la pollution sur le long terme. Après avoir gravi à 3 reprises l’Everest et fait redescendre dix tonnes de déchets, cela sert d’exemple d’expédition responsable pour être répliqué sur d’autres sommets du monde. Et c’est en m’appuyant, pas après pas, sur les qualités intrinsèques de la montagne, en comprenant que ce sont aussi les miennes, que j’ai progressivement nettoyé mes propres déchets et gravi mon Everest intérieur. »